William Friedkin était l’invité d’honneur de la traditionnelle Leçon de cinéma du 69ème Festival de Cannes, mercredi 18 mai 2016.
Retour sur cette passionnante master class entre le réalisateur-scénariste-écrivain qui a commenté quelques films de sa carrière (extraits à l’appui), en compagnie du journaliste et critique, Michel Ciment.
Né à Chigago, « une ville avec beaucoup de diversité », William Friedkin déclare avoir voulu devenir réalisateur après avoir vu Citizen Kane à l’âge de 21 ans.
Son travail avec Harold Pinter aura eu « une énorme influence » sur son approche du métier ; c’est naturellement qu’il adaptera sa pièce en 1968 L’anniversaire (The Birthday Party), avec Patrick McGee.
L’extrait suivant est tiré de Les garçons de la bande (1970), son 4ème film.
Puis vient le tour de son meilleur film, French connection (1971), où il a cherché à « superposer un aspect documentaire à une fiction ». Pour ce film refusé par tous les studios sauf la Fox il a été très influencé par Z de Costa-Gavras, « un film grandiose ».
Au sujet de son travail pas toujours facile avec Gene Hackman sur ce film oscarisé et avec les acteurs en général il dit vouloir « provoquer les acteurs ».
Si pour lui « la clé c’est les répétitions » il a travaillé néanmoins sans répétitions pour French connection et L’exorciste. De plus s’il assure que « le plus important est le script » il avoue que sur French il se construisait jour après jour.
Au sujet de sa mise en scène, il croit fermement en la spontanéité : « mon inspiration je la puise dans le moment, je fais confiance à mon instinct ». Il avoue faire rarement plus d’une prise. Son mantra : « les meilleures idées marchent ».
L’exorciste (1973), autre film culte de sa filmo, n’est « pas un film d’horreur mais un vrai cas d’exorcisme ». Il ajoute : « j’ai voulu faire un film sur le mystère de la foi ». Pour préparer ce film William Friedkin a ainsi assisté à une vraie séance d’exorcisme au Vatican. De plus il révèle que le tableau L’Empire des lumières de René Magritte a inspiré la scène avec le lampadaire. Enfin « la musique devait ressembler à une musique qui se pose sur la nuque ».
Remake du Salaire de la peur, Sorcerer (1977) a été tourné dans des conditions difficiles près d’une jungle au Mexique et au Nouveau Mexique. Le recours aux images et sons subliminaux à la fin du récit lui a été inspiré par L’année dernière à Marienbad d’Alain Resnais. Ainsi pour ce perfectionniste pour qui « l’important dans un film est la mise au point » le tournage aura nécessité l’emploi de 2 chefs opérateurs.
Le suivant long-métrage abordé, To Live and Die in L.A (1985), « film sur les services secrets à L.A », a vu Friedkin collaborer avec le caméraman de Wim Wenders Robby Müller.
Les deux derniers films évoqués, Bug (2006) et Killer Joe (2011), sont des adaptations de deux pièces du même auteur Tracy Letts. Dans ces deux films où « l’ambiguïté est extrême » est abordée « la paranoïa, un sujet qui m’intéresse ».
Et William Friedkin de conclure cette passionnante master class avec « le cinéma est l’aventure et l’éducation ».