C’est donc le réalisateur americain JOHN MCNAUGHTON qui est annoncé cette semaine comme nouveau membre du Jury du Bloody Week-End qui se déroulera, on vous le rappelle, du 26 au 29 mai 2016 à Audincourt (25). Il est devenu célèbre grâce à des films comme Henry, portrait of a serial killer (qui sera diffusé en sa présence lors de l’événement) ou encore Mad Dog and Glory.
Qui est John Mc Naughton ? Diplômé en production télévisuelle, c’est tout naturellement que John McNaughton s’oriente, au début de sa carrière, vers la publicité et les films d’entreprises. Mais, ambitieux, il décide en 1984 de réaliser et de produire de manière indépendante son premier projet, Dealers in Death. Ce documentaire d’une heure retrace, à l’aide d’images d’archives, une page particulièrement violente de l’histoire des États-Unis : celle du grand banditisme qui sévit des années 30 aux années 50, avec des figures aussi notables que Bonnie & Clyde et Al Capone. Basé sur la pègre, la police et la violence réaliste car ancrée dans un univers quotidien, tout en étant saupoudré de touches d’humour, Dealers in Death peut être considéré comme l’œuvre matricielle de toute sa filmographie plutôt que comme un simple coup d’essai.
La violence, il la retrouvera en effet un an plus tard avec le désormais classique Henry – Portrait d’un Serial Killer. Souhaitant montrer ce que l’humain a de plus sombre en lui, McNaughton se base sur le tueur en série Henry Lee Lucas pour développer son personnage principal, un meurtrier hanté par une enfance tragique. Malgré l’absence de moyens tant techniques que financiers (le film a coûté à peine plus de 100 000 dollars), Henry est une plongée poisseuse dans le sang et la folie dont on ne se remet que difficilement, la prestation hallucinée de Michael Rooker (The Walking Dead) dans le rôle titre ne faisant qu’ajouter au malaise ressenti. Classé X, il ne sortira aux USA qu’en 1990, acquérant au fil des années une notoriété mondiale. Croulant subitement sous les scénarios de films d’horreur, McNaughton, qui n’a jamais vraiment souhaité être attaché au genre, se tourne en 1991 vers la science-fiction avec Borrower (dans lequel un alien doit tuer régulièrement des humains afin de s’emparer de leurs têtes) et le one-man show avec Sex, Drugs, Rock & Roll (où le comique Eric Bogosian interprète devant la caméra toute une série de personnages inventés par ses soins).
1993 est l’année de la consécration, lorsque Martin Scorsese, après avoir vu Henry, lui offre le poste de réalisateur sur Mad Dog and Glory. Avec Elmer Bernstein (SOS Fantômes) à la musique, Robby Müller (Les Envoûtés) à la photographie ainsi que Robert De Niro, Bill Murray et Uma Thurman en têtes d’affiche, le film, qui se situe encore une fois dans l’univers de la mafia, ne côtoie pourtant pas les sommets du box-office.
La suite de sa carrière au cinéma, bien que semblant s’appuyer sur des choix éclectiques, demeurera toujours liée à Dealers in Death : Normal Life traite du banditisme, le thriller Sexcrimes, avec Matt Dillon, Kevin Bacon et Denise Richards prend pour toile de fond la violence charnelle (et sera son seul vrai succès populaire), Condo Painting est un documentaire psychédélique sur le peintre éponyme, Speaking of Sex est une comédie légère et The Harvest, toujours inédit en France, aborde avec puissance l’horreur psychologique.
Au fil des années, John McNaughton a aussi régulièrement tourné pour la télévision, passant avec aisance d’un genre à l’autre avec les séries policières Homicide, Expert Witness et FBI – Portés Disparus, les drames Life in Prison et John from Cincinnati, le thriller Push, Nevada, sans oublier bien sûr la pègre avec Le Manipulateur, l’action avec Firehouse et l’horreur avec l’épisode Haeckel’s Tale de la première saison de Masters of Horror.
Dans le cadre du Bloody Week-End, « Henry, portrait d’un tueur en série » sera projeté en présence du réalisateur.
Texte : Matthieu REHDE