Après un accident de la route, Michelle se réveille dans une sorte de bunker. Elle ne se rappelle rien. Perdue, elle pense avoir été enlevée. Son « gardien » tente cependant de la rassurer en lui expliquant qu’il l’a sauvée, après une attaque chimique. Michelle a cependant du mal à y croire et décide de s’échapper…
Avis de Quentin
8 ans après le très bien accueilli Cloverfield de Matt Reeves, nous voyons débarquer une suite à cette production SF hollywoodienne se déroulant dans le prolongement du contexte originalement proposé.
10 Cloverfield Lane est réalisé par Dan Trachtenberg. Cette suite en est ainsi la première réalisation de ce jeune réalisateur ayant dirigé des tournages pour des marques telles que Nike, ou encore Lexus. Le film est produit par JJ Abrams qui depuis Stark Trek : Into Darkness n’est plus un inconnu pour les amateurs de SF.
Cette suite de Cloverfield a alors été attendue par les fans depuis de nombreuses années. La réalisation du projet a été menée dans la plus grande discrétion, l’annonce officielle du film remontant alors à Janvier 2016.
On retrouve au casting un véritable pilier du cinéma hollywoodien avec John Goodman (The Big Lebowski, La Famille Pierrafeu, O’Brother) faisant parti des personnages principaux mais également des acteurs montants avec notamment Mary Elizabeth Winstead (Boulevard De La Mort, Die Hard 4) et John Gallager Jr (Whatever Works, Jonah Hex ).
Le récit se déroule alors après l’attaque de la ville de New York du premier opus. L’histoire est celle d’une jeune femme ayant été recueillie par un homme, dans son abris atomique, après un accident de voiture.
10 Cloverfield Lane dégage sa propre identité et ne se complait pas à utiliser les mécanismes de mise en scène du premier épisode.
Le film n’est alors pas tourné à la manière d’un found footage. Il s’agit, à l’inverse de son aîné, d’une succession de plans fixes dans un espace fermé. Le film est alors avant tout un huis-clos post-apocalyptique avant d’être un film de SF pur.
Les relations conflictuelles se situent davantage entre les humains que réellement face aux envahisseurs comme dans le premier opus. Le plus grand des prédateurs pouvant alors parfois, et bien trop souvent, être l’être humain. Le film rappelle alors parfois certaines productions comme Paranoïak où le récit principal ne fait que jouer sur les représentations du spectateur. Le long-métrage prend alors toute son ampleur du fait qu’il ne rentre pas dans le jeu de la vulgaire suite SF mais également car il ne joue pas sur la surenchère d’effets spéciaux. Le film apporte une réelle diversité à cette série qui n’en restera certainement pas là. Le film rappelle également à certains passages un certain La Guerre Des Mondes de Steven Spielberg.
L’oeuvre repose sur les trois acteurs principaux, contrairement où son prédécesseur misait beaucoup sur la destruction de l’habitat des hommes. Le film soulève le problème des relations humaines face à des ennemis inconnus. Préférons-nous donc nous entraider ou alors nous anéantir du fait que nous n’ayons aucun moyen matériel d’affronter la menace nouvelle ?
Les acteurs sont alors pour le moins convaincant bien que le film repose considérablement sur les épaules de John Goodman. Comme à son habitude l’acteur nous montre à quel point sa volonté de contrôle et de rôle patriarcal au sein des interactions humaines lui tiennent à cœur. Winstead, quant à elle, remplit son rôle de manière convenable bien que parfois trop académique, rendant certaines scènes légèrement déconcertante notamment avec la scène introductive où l’on peut craindre un mauvais jeu d’acteur. Néanmoins cette crainte disparaitra de manière assez rapidement grâce à une mise en scène irréprochable.
10 Cloverfield Lane est donc le résultat d’une assez bonne mise en scène, porté par des acteurs convaincants, sachant s’inspirer de son aîné et de ses références sans pour autant disparaître sous ces derniers. En cela, le film de Dan Trachtenberg est un excellent divertissement de SF rencontrant la thématique du post-apocalyptique.
A en croire , les sorties récentes, qu’il s’agisse de cinéma ( 10 Cloverfield Lane, Midnight Special) ou de jeux vidéos ( Fallout 4), la SF serait-elle actuellement à l’orée de sa renaissance ?
Nous l’espérons en tout cas …
Avis de Manu
JJ Abrams est un petit malin, ce n’est pas nouveau. Un bon faiseur plus qu’un immense réalisateur et a le mérite d’être un metteur en scène et producteur à l’écoute de son époque et totalement passionné. Au-delà de ces limites tout fonctionne sur des airs de préfabriqués mais efficaces il faut l’admettre.
Sa dernière production, réalisée par un jeune réalisateur avec pour seule carte de visite un court-métrage, est dans la lignée de ce qu’il sait faire. Un film de genre, efficace mais qui, comme souvent, vise l’effet plutôt que la continuité. En résumé 10 Cloverfield Lane s’avère un très bon huis clos, passionnant et habile jusqu’à son dernier quart d’heure, souvent le plus important puisque validation de l’ossature d’un projet. Difficile, comme souvent dans ses productions, de tenir l’effet majeur de chacun de ses films jusqu’au bout. Ici, la proposition finale affaiblit un peu l’ensemble par le changement de route opéré. On ne révèlera bien sûr rien du final mais on passe vraiment d’un genre à un autre.
Cette considération prise en compte le film tient cependant en haleine du début à la fin et le côté paranoïaque important pour le genre huis-clos est parfaitement maîtrisé avec rebondissements et un rythme soigné. On peut d’ailleurs noter que la plupart du développement fait preuve d’une sympathique crédibilité qui nous fait rarement lâcher prise.
Joli divertissement où on a le plaisir de retrouver encore une fois un très grand John Goodman qui par son jeu et sa posture impose parfaitement l’ambivalence que son personnage demandait, bon, méchant, le tout est tenu jsuqu’au bout.
Sans être exceptionnel 10 CLoverfield Lane est donc très efficace et à au moins le mérite d’être original, et non basé sur une franchise, un reboot ou remake. Ce thriller prend facilement l’ADN d’une série B à l’ancienne louée au dernier moment un samedi soir au vidéoclub du coin…d’un autre temps finalement, avec la saveur du « fait à l’ancienne ». Comme quoi parfois, avec peu de moyens et une belle générosité le résultat est là.