Biopic sur le funambule français Philippe Petit, célèbre pour avoir joint en 1974 les deux tours du World Trade Center sur un fil, suspendu au-dessus du vide.
Fer de lance d’un cinéma d’aventure qui n’a que peu d’échos de nos jours, Robert Zemeckis est sans doute le réalisateur des années 80 et 90 qui a su insuffler (avec son comparse Spielberg) un souffle d’aventure au cinéma. De Retour vers la futur à Forrest Gump en passant par ses nombreux films d’animations, le méticuleux metteur en scène a toujours voulu inscrire son cinéma dans l’aventure à consonance familiale, et surtout soigner l’ensemble de ses récits.
Loin d’être un film de commande, il faut assez vite convenir que dans les mains d’un autre, The Walk n’aurait pas le même écho, de par sa forme même, point majeur du film, comme de l’attrait sincère que le réalisateur porte à son récit. Le problème c’est qu’il faut prendre de la hauteur et ne pas s’arrêter sur le fil de la démonstration pure et simple d’un metteur en scène, souvent visionnaire dans son approche visuelle, et tendre à regarder un peu plus de quoi ce dernier nous parle.
D’un enjeu relativement mineur pour ceux qui ont vu le documentaire Man on wire ou connaissent la vie et l’exploit de Philippe Petit, The Walk finit par se recentrer sur d’autres axes tout aussi intéressants, mais de manière parfois maladroites. Le sentiment d’aventure étant relativement limité dans l’histoire, c’est sur la notion d’exploit que le film se base. Là où les passions éclosent et les rêves tendent à prendre une forme réelle. Pour arriver à cela, il faudra faire l’impasse sur plusieurs défauts.
Le principal problème se situe dans la direction d’acteurs. Difficile de viser un film à portée internationale en faisant jouer un comédien français pour un rôle…français.
Aussi le pari de diriger l’ensemble du casting en anglais, ou le reste du temps dans un français très approximatif, s’avère gênant, et ce malgré la relative bonne qualité du travail effectué par Joseph Gordon-Levitt. Pour les autres, le jeu très moyen de la majorité des comédiens nous fait sortir parfois du récit. Ce sentiment de légèreté dans la direction d’acteur (peu commune chez Zemeckis) fait que l’interprétation est un point faible, cumulée à une histoire qui manque un peu de rebondissements; le tout fragilise le film.
Cependant, il serait dommage de s’arrêter à mi-chemin quand le film offre dans sa forme, un objet cinématographique d’une beauté hypnotisante en salle, la 3D contribuant fortement à tout ça. Robert Zemeckis a pensé et construit son film en ce sens, ajoutons à cela le fait que le réalisateur expérimente toujours et encore des plans impossibles et nouveaux, et le spectacle visuel est au rendez-vous (quitte à s’étirer trop en longueur dans la séquence finale).
Le pari formel et donc sensoriel est gagné, tout comme celui artistique, mais il convient de mettre de grandes parenthèses sur l’ensemble cinématographique du long-métrage.
Et puis, dans son dernier quart d’heure Robert Zemeckis semble déplacer cette expérience, plus loin que le simple hommage aux passions, aux rêves, à cet homme passionné qui a traversé les frontières physiques et personnelles pour réaliser son rêve. Et nous parler (peut-être une dernière fois) de cette Amérique post 11 septembre et de son symbole, filmé par un réalisateur totalement fasciné par ces deux monstres métalliques, Amérique qui avait peut-être besoin encore d’un hommage. A défaut d’un manque de subtilité, la sincérité et une certaine poésie naïve se déploient sur le clap de fin. Poésie qui, avec les années, procurera avec plus de recul un intérêt encore plus prononcé à ce film qui finalement ne dénote pas du tout dans la filmographie de son réalisateur sur ce point, toujours à même de proposer des films touchants et simples.