Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l’un d’eux découvre qu’ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s’amenuisent de jour en jour.
Avis de Manuel
Alors c’est sûr, le petit M. Night Shyamalan part avec un certain nombre de casseroles tant du statut culte de Sixième sens à After Earth sa côte de futur Spielberg est passé de posthume à enterrée, brûlée, loin de renaître de ses cendres. En effet, depuis Signes, Le village qui lui ont permis de préserver un certain public, Phénomènes, Le dernier maître de l’air, After Earth and co. sont passés par là. Avec pertes et fracas.
Que reste-t-il de ce réalisateur, « incompris » disent ses plus grands fans (minoritaires), « tâcheron prétentieux » pour les autres ? Un certain savoir-faire qui nous ferait presque réévaluer certains de ses films passés ; apparemment (sans pour autant leur donner une valeur immense).
En voyant The Visit on pense étrangement à Phénomènes. Et si ce dernier n’avait pas été perçu comme il se doit. Quand l’humour déborde dans la tension et l’épouvante de The Visit on se dit que l’équilibre entre ces deux genres opposés, qu’on retrouve ici, était ce qui manquait le plus, voire faisait défaut à Phénomènes. Oui The Visit pourrait être perçu comme le film le plus ridicule de ces derniers mois mais c’est surtout le plus culotté et le plus maîtrisé dans le genre found footage.
Rassasié, écœuré, enivré, voire tout simplement blasé par tous les films sortis depuis Le projet Blair Witch, la sauce ne prend plus, sinon procure la plus grande indifférence. M. Night Shyamalan ne renouvèle pas le genre, difficile de surcroît, mais le bonifie avec une certaine consistance et une mise en scène retrouvée. « Retrouvée », difficile de dépeindre une réalisation « retrouvée » quand on évoque la caméra portée comme outil cinématographique pour mettre en scène son film. Sauf qu’ici le prétexte est habilement amené, les deux jeunes protagonistes sont également réalisateurs du film (dans le film) et tout est justifié (ou presque) dans ce qu’on tend à nous montrer. Une histoire basique, mais qui tient la route, renforce également cette idée.
Et quand bien même, il ne suffit pas de poser sa caméra n’importe où et filmer ça comme le premier débutant. Ici, Shyamalan, pense et compose son espace de manière souvent originale et le spectateur, malgré sa connaissance parfaite du genre et de ses principaux codes, se voit souvent surpris par des effets jump scare classiques mais très efficaces. Mais cette donne somme toute très simple s’appuie également sur une interprétation vraiment bien castée de deux jeunes comédiens très bons dans leur registre. La balance humour/peur garde donc le parfait équilibre, surprenant parfois, mais bienvenue quand le réalisateur décide de parsemer son film de manière très pensé chacune de ces respirations humoristiques.
Sans être d’une fulgurance folle The Visit est vraiment efficace (avec un twist crédible et plutôt bien tenu jusqu’à la fin), original et culotté dans ses partis pris (merci) même si ces derniers seront perçus comme borderline et totalement déconvenus par certains. Le film est surprenant autant par le retour de son réalisateur vers un petit succès cinématographique (attention on parle d’étincelle, le feu n’a pas encore vraiment repris) que par l’efficacité basique mais réelle de ce petit film aux ficelles connues mais cabotines à souhait. Joli petit coup venu de nulle part de M. Night Shyamalan qui semble reprendre tout à zéro et tenter un petit retour en douceur. Pour qui se laisse prendre au jeu, le tour de manège s’avère aussi court que bien fait. Tout simplement.
Avis de Fabien
Après une série d’échecs cuisants (Phénomènes, Le dernier maître de l’air, After earth), M. Night Shyamalan, le réalisateur prodige de Sixième Sens, revient en forme grâce à un projet modeste, un petit film d’angoisse produit pour 5M$ par Jason Blum, l’homme derrière les petits budgets d’horreur qui rapportent gros comme Paranormal Activity.
Dans The Visit deux gosses sont envoyés chez leurs grands-parents qui très vite se révèlent étranges, par leurs regards, leurs secrets (ils ne veulent pas parler du passé de leur fille; le sous-sol est interdit comme dans les films d’horreur!), leur comportement pour le moins bizarre voire flippant notamment après le coucher vers 21h30. Les enfants devront affronter leurs phobies (TOC, aversion pour les miroirs) afin de tenir tête à des grand-parents psychopathes et survivre. Le réalisateur du Sixième sens, coutumier du fait, place un twist au 2/3 du récit.
Shyamalan fait montre d’une mise en scène assurée avec un beau travail sur le hors-champ, la construction des plans fixes avec entrées et disparitions des protagonistes pour provoquer l’effroi. Le procédé du found footage est justifié par le scénario : il fait partie d’un projet vidéo de la jeune héroïne Becca, à savoir réaliser un documentaire sur sa mère. De plus le réalisateur en profite pour glisser une réflexion personnelle sur le pouvoir des images pour susciter des émotions.
Enfin est à signaler le jeu convaincant du casting (pour une part des inconnus) dans cette intrigue horrifique bien ficelée même si certaines réactions des enfants face au danger sont peu crédibles.
Ironique, flippant, touchant, The Visit permet à Shyamalan de s’offrir une seconde jeunesse; un travail d’artisan bien emballé à défaut d’être inoubliable.
Test blu-ray
Technique
Lié à l’aspect found footage un grain numérique peu prononcé s’invite parfois dans ces images de grande qualité. Pas d’effets sonores excessifs dans les deux pistes sonores bien équilibrées, avec préférence pour la vo.
Bonus
Cette édition blu-ray Universal comporte comme bonus central le making-of de The Visit (10′). La forme et la narration s’avèrent intéressantes pour ce court making-of où Shymalan ne fait pas dans la langue de bois et évoque sa remise en question, sa méthode de travail, sa vision du métier. Pour lui The Visit est le « film de la renaissance »où il « retombe en enfance ».
10 scènes coupées (8′) et une fin alternative (2′) sont également proposée, sans oublier une galerie de photos de Becca (1′).