Film présenté au festival Lumière 2015
Avis de Fabien
Même si le projet s’inscrit dans une période de renouveau du paysage cinématographique américain avec l’éclosion de jeunes cinéastes comme Coppola, Lucas, Spielberg, Friedkin soucieux de rénover les genres, le sujet est délicat pour un studio et le potentiel commercial du film quasi nul.
Le film assez noir, l’étude d’un homme malade, anonyme, est empreint d’une violence étouffante et explosive. Enfermé dans l’engrenage de la solitude, un moyen de défense contre un environnement hostile et dangereux, Travis déambule en noctambule au volant de son taxi dans les rues de N-Y à la recherche d’une rédemption (thème récurrent de la filmo scorsesienne) qu’il trouvera en sauvant une jeune prostituée (Jodie Foster) de sa condition.
De Niro, tendu comme un arc, est d’une intensité incroyable dans ce rôle d’écorché vif, un étranger déçu de la société. Sa performance est inoubliable, à l’image de ses futures collaborations avec Scorsese.
Le script de Paul Schrader brille par sa précision dans le rendu des pensées, de la psychologie de Travis notamment par l’utilisation de la voix-off. Ainsi Shrader décrit (dans les bonus du blu-ray édité en 2013) Travis comme « un type dans un cercueil en métal, flottant sur les égoûts, une espèce de Nosferatu, dans les rues de N-Y. Quelqu’un qui semble entouré par les gens mais qui est totalement seul ».
Pour Martin Scorsese le défi visuel était de percevoir tout du point de vue de Travis pour mieux l’isoler et mettre le spectateur à sa place. Même si le personnage n’est pas particulièrement sympathique de prime abord on le suit tout au long de son calvaire et on s’y intéresse tant la plongée dans l’esprit de cet homme souffrant relève de la condition humaine.