Olga TISSERANT, programmatrice du festival Graines des toiles
Du 21 au 31 octobre 2008 s’est déroulé un tout nouveau festival de cinéma à Gerardmer. La perle des Vosges accueillait la première édition de Graines des toiles, un festival de cinéma dédié au jeune public, ce qui est assez rare. Nous avons rencontré Olga TISSERANT, la programmatrice de cet événement pour en savoir un peu plus sur cette première.
Pourquoi avoir voulu faire un festival jeune public ? Pour différentes raisons. Un festival de cinéma tout d’abord, parce que Gerardmer est devenu une ville de cinéma dans le nord-est de la France, avec Fantastic’Arts et ensuite les Rencontres du cinéma qui ont lieues tous les ans au mois de mars. Jeune public, parce c’est un public assez peu sollicité dans notre département et même en Alsace-Lorraine. Et puis parce que le cinéma jeune public est une forme de cinéma qui m’intéresse tout particulièrement. J’ai été pendant quelques années déléguée du cinéma jeune public Alsace-Lorraine pour l’Association Française des Cinémas Arts et Essai(AFCAE), donc ce sujet-là m’intéresse, me passionne et il me paraissait intéressant de faire partager cette passion aux gens de la région.
Comme tu le disais, il y a déjà Fantastic’Arts et Les Rencontres du cinéma, est-ce que ça ne fait pas trop un troisième festival pour Gerardmer ? Non, je ne pense pas. D’abord, parce que ça concerne un public différent, en tout cas en âge, et ensuite, c’est à une période de l’année bien éloignée des deux autres.
Pourquoi avoir choisi ce titre « Graines des toiles » ? En fait, ça a été assez compliqué. Choisir un titre de festival est assez difficile tout d’abord parce qu’il existe beaucoup de festivals en France. On voulait ensuite le rattacher à l’idée que l’on se faisait du festival à venir. « graines » parce que ça s’adressait d’abord à des enfants, parce qu’on a recherché deux jeunes réalisateurs pour essayer d’avoir des avant-premières. « toiles », c’est la toile de cinéma, et parce que Gerardmer est une ville de toiles, de tissus (n.d.a. : beaucoup de fabricants de textile dans cette partie des Vosges). On arrive comme ça à envelopper dans un seul titre des tas de concepts différents.
Comment s’est passée la sélection des films entre les avant-premières, les rétrospectives, les films pour les tout petits, pour le plus grands… ? Dés le départ, on avait choisi de programmer pour un public très large en âge, c’est-à-dire que l’on pensait aller depuis les petits de 2 ans jusqu’aux ados de 15-16 ans, et là, la programmation était nettement plus vaste. Comme tu viens de le dire, on a choisi des avant-premières, des films qui sortaient tout juste, et d’autres films beaucoup plus anciens. C’est nécessaire tout d’abord parce que les films jeunes publics qui sortent chaque année en France sont relativement peu nombreux, surtout lorsque l’on a une exigence de qualité. Si on choisit des films qui ont le label « arts et essais » par exemple, l’AFCAE n’en labellise sur l’année que très peu jeunes publics.
Vous avez eu des invités, comment ont-il accueilli le festival ?
On avait souhaité inviter des réalisateurs, on aurait aimé avoir également un acteur ou deux, mais tout ça n’a malheureusement pas pu se faire. Premièrement parce que c’est une première édition, c’est très compliqué de prendre des contacts. Ensuite, dans les gens que j’avais souhaité inviter, il y avait par exemple Jean-Pierre DARROUSSINet Anna NOVION, l’acteur et la réalisatrice du filmLes grandes personnes. C’était une avant-première, mais Darroussin était sur le tournage d’un autre film, et la réalisatrice était au Canada où elle faisait la promotion de son film pour le marché international. On n’a donc pas réussi et ça m’a pris trois mois de négociations qui n’ont débouché sur rien, mais voilà, je vois que l’année prochaine il va falloir négocier autrement. Tout passe par le distributeur, il avait très envie de nous aider cette année mais malheureusement, ça n’a pas marché. Quant aux autres films, c’étaient, pour les petits en tout cas beaucoup des films d’animations récents, et surtout étrangers, donc là, faire venir les réalisateurs, c’est quasiment impossible.
Le public a-t-il reclamé des réalisateurs ?
Non, pas vraiment. Uniquement pour cette avant-première du film Les grandes personnes puisqu’on en avait parlé un peu, même si cela n’a jamais été dans nos programmes réellement puisque tout était « sous réserve ». On a pallié aussi à ce manque en faisant des animations, en invitant par exemple JENNIFER DALRYMPLE, une illustratrice de livres pour enfants qui avait travaillé sur le film L’homme qui plantait des arbres de Frédéric BACK. Donc on a un petit peu contourné la chose, et Jennifer nous a présenté l’exposition. Elle a fait un atelier « chemin de fer », c’est comme cela que l’on appelle la création d’un livre pour enfant, l’équivalent du storyboard au cinéma, et cet atelier s’est merveilleusement bien passé, tous les enfants présents étaient ravis.
Et les adultes, comment ont-ils pris ce festival ?
Tout s’est très bien passé sur deux plans. D’abord, les adultes s’y sont retrouvés dans la programmation d’un certain nombre de films qui leurs étaient consacrés ou qui s’adressaient aux ados et qui leurs convenaient parfaitement, je pense à Persepolis, Valse avec Bachir et d’autres encore qui concernaient l’adolescence et ciblaient aussi les adultes. Et puis ils s’y sont retrouvés également en accompagnant leurs enfants, parce que sur la période des vacances scolaires, les gens sont réellement venus en famille. C’étaient des parents avec leurs enfants et beaucoup des grand-parents avec leurs petits enfants. Et là, les grands-parents ont découvert des films qu’ils ne connaissaient pas, qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir ni au cinéma, ni à la télévision, ni en DVD. Et souvent, ils nous ont remercié de la programmation.
Nous voilà donc à la fin de cette première édition. Quel en est le bilan ?
Dans les chiffres, c’est positif. On avait tablé sur environ 1000 à 1200 entrées et on atteint presque les 2000 entrées, ce qui est très bien. On voulait entre 15 et 20 films, on en a eu 17 ce qui n’est pas mal. Et sur ces films-là, pas mal d’avant-premières, mais aussi des rétrospectives, des films plus anciens, que nombre d’enfants ou de parents n’avaient jamais vu, ce qui est particulièrement intéressant à mettre parallèlement à des films un peu plus « grand public ».
Je suppose donc que l’opération va etre renouvelée l’année prochaine ?
Je l’espère (rires). On attend de voir la réunion-bilan avec le conseil d’administration, ce qui va se faire très bientôt, et on va très très vite relancer la machine et travailler sur une nouvelle idée en cherchant peut-être un thème particulier cette année, recontacter les distributeurs le plus vite possible, et recommencer tout ça.
Ce sera toujours là même formule, ou avec des variantes ?
On travaillerait sur un thème plus précis qui pourrait être, je donne des exemples tout à fait au hasard : le cinéma et la musique, le cinéma et l’eau, le cinéma et la mer, …. à creuser ! Mais je ne pense pas que l’on cherchera à aller dans une direction qui soit le cinéma d’animation uniquement ou le cinéma de fiction … Il faut que l’on puisse partager les genres et les techniques. Et puis, comme cette année, rechercher des expositions, et là encore on essaiera de trouver des intervenants qui réellement peuvent « coller » à certains films et nous aider.
Un grand merci à la Maison de la Culture et des Loisirs de Gerardmer (88) pour nous avoir accueilli et nous avoir permis de couvrir cet événement. Un grand merci aux distributeurs pour les films qui ont été présentés. Et pour finir, un IMMENSE merci aux organisateurs et programmateurs : Dominique MALLAISE, Olga TISSERANT, et la bonne douzaine de volontaires qui les accompagnent pour les aider à gérer ce festival.