Dans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d’une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.
L’avis de Fabien
Après la BD avec Largo Winch, Jerôme Salle adapte un polar du français Caryl Fery, Zulu, l’enquête périlleuse de deux policiers dans une Afrique du Sud écrasée par le soleil et gangrenée par différents maux (prostitution, corruption, drogue…) alors qu’elle cherche la voie de l’apaisement.
D’une noirceur et d’un violence implacables, Zulu suit deux flics sud-africains dans les méandres d’une enquête alambiquée impliquant aussi bien des dealers sauvages qu’une puissante firme pharmaceutique dans une sombre histoire de crime et d’argent d’où peu de monde sortira indemne. Les deux hommes auront de plus fort à faire avec leurs démons intérieurs qui menacent de compliquer l’affaire et qu’ils vont tenter de maîtriser avec des réussites diverses. En effet leurs névroses et leurs blessures intérieures se dévoilent par petites touches au fil d’une intrigue où leur histoire personnelle se même à l’Histoire d’un pays où les cicatrices héritées de l’apartheid ne sont pas refermées.
Si les fils de l’intrigue ne sont pas toujours solides et l’étude de caractères aurait méritée d’être plus développée (on aurait apprécié plus de scènes entre les deux personnages principaux), Zulu réussit à maintenir une tension constante grâce à la mise en scène nerveuse, caméra à l’épaule, de Salle qui livre trois bonnes séquences d’action : une poursuite trépidante dans un township, une fusillade furieuse sur une plage et une conclusion inattendue, désespérée, dans les dunes africaines. Filmé en décors naturels à Capetown et ses environs, avec de nombreux acteurs sud-africains, Zulu est d’un réalisme poisseux, le talent de metteur de Salle, manifeste dans ses sympathiques adaptations de Largo Winch (voir la séquence virtuose de chute libre dans le second opus), parvient à installer un climat anxiogène sous haute tension (la violence touche les townships comme les beaux quartiers) bien aidé par la performance de ses deux comédiens principaux.
Forest Whitacker, en flic mutique et insomniaque est très juste, égal à lui-même; la grande surprise vient d’Orlando Bloom qui trouve dans ce rôle d’écorché vif et alcoolique l’occasion de casser son image lisse de poster boy héritée des franchises Pirates des Caraïbes et Le seigneur des anneaux. La réussite de ce polar âpre et sans concessions tient beaucoup à leur composition intense et à la mise en scène au scalpel de Salle.