THE INSIDER est un film d’espionnage haletant qui raconte l’histoire d’un couple d’agents secrets, George Woodhouse et sa femme Kathryn. Lorsque Kathryn est soupçonnée de trahison envers la nation, George doit faire face à un dilemme déchirant : protéger son mariage ou défendre son pays.
Deux mois après Présence, un nouveau Steven Soderbergh, à nouveau associé au scénariste David Koepp (Mission impossible, Jurassic Park), est en salles.
Comme pour Presence oú il twiste la recette du film de fantôme en utilisant le point de vue subjectif du spectre pour in fine composer une oeuvre funèbre d’angoisse existentielle, le réalisateur de Traffic et d’Ocean’s eleven joue dans The Insider avec les ingrédients du film d’espionnage (McGuffin, Londres, Pierce Brosnan) pour orchestrer un bal des faux semblants, des masques dans le couple comme dans le milieu du travail où le dévoilement des secrets conjugaux et professionnels via les échanges verbaux ont plus de place que les poursuites et les fusillades habituelles (un seul coup de feu et une petite explosion au compteur). Comme dans Sexe, mensonges et vidéo (1989), son premier film couronné par Palme d’or, Soderbergh décrit les petits arrangements avec la réalité d’époux pour faire durer leur couple; tout le film est constitué sur la dynamique d’une vérité à débusquer, précisément d’un traître à identifier, parmi une galerie d’espions, personnages tout en froideur analytique et dissimulation émotive évoluant dans des espaces et utilisant des outils selon une dialectique transparence/opacité bien maîtrisée par le réalisateur américain. La longue séquence d’ouverture, des échanges verbaux cordiaux, légers puis tendus lors d’un dîner entre couples et collègues, donne le ton : des dialogues ciselés plein d’ironie, de sous-entendus notamment sexuels et bien sûr vecteurs de tension dramatique vont rythmer les scènes attendues du genre, interrogatoire (sous drogue ou avec un détecteur de mensonge), analyse (données géo-politiques et d’état psychologique en séance de psy), surveillance (filature à l’ancienne ou via des satellites), motivés par une suspicion constante, généralisée (tout le monde dissimule, simule, ment). Soderbergh dont la mise en scène clinique est raccord avec un univers froid composé de visages poker face et d’intérieurs pros high-tech comme personnels cossus sans âme peut compter sur le talent de Michael Fassbender et Cate Blanchett, superbe couple de duellistes, affûtés, élégants comme jamais, pour réussir son exercice de style, un savoureux thriller d’espionnage psy, cérébral, plus proche de l’univers de Le Carré, à ranger dans les petites réussites d’une filmo riche en oeuvres marquantes, de référence, entre film de studio (Ocean’s eleven, Erin Brokovich), d’auteur (Traffic, Hors d’atteinte) et série TV (The Knick).