Dans les années 80, le seul endroit de Hong Kong où la Loi Britannique ne s’appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres. Fuyant le puissant boss des Triades Mr. Big, le migrant clandestin Chan Lok-kwun se réfugie à Kowloon où il est pris sous la protection de Cyclone, chef de la Citadelle. Avec les autres proscrits de son clan, ils devront faire face à l’invasion du gang de Mr. Big et protéger le refuge qu’est devenue pour eux la cité fortifiée.
Après le choc Limbo (2021), City of Darkness, adaptation d’un manga par le réalisateur hong-kongais Soi Cheang (Mad Fade est sorti en juillet 2024, un mois avant celui-ci), impressionne par sa direction artistique de haute volée et ses scènes de combats furieuses.
Question action on est servis dès le début du film avec une baston dans et sur un bus puis avec des chorégraphies spectaculaires filmées dans la citadelle labyrinthique de Kowloon recréée avec soin, une tour de Babel en décrépitude (câbles enchevêtrés, escaliers en ruine) où a lieu une sanglante guerre des gangs. A nouveau, après l’éprouvant Limbo, Soi Cheang joue brillamment avec les espaces clos, étroits où il fait s’agiter, se débattre pour leur survie, ses combattants. Beat them all très efficace et euphorisant, City of Darkness témoigne d’une sincère empathie pour tous les habitants de la citadelle, protecteurs comme petits commerçants, voisins tous solidaires les uns avec les autres qui injecte un peu d’humanité dans ce film d’action violent où les coups de poing et coup de lames s’enchainent sans temps mort. Cheang rend un bel hommage à l’âge d’or du cinéma hong-kongais, à des artistes comme Tsui Hark (échos au fabuleux Time et Tide (2000) avec cet affrontement homérique sur la façade puis sur le toit d’un immeuble entre des combattants affranchis des lois de la gravité) et John Woo (son magistral Hard Boiled réalisé en 1992 vers la fin de ce golden age) qui ont marqué leur cinéma d’action avec leurs gunfights dantesques et personnages bigger than life, leur romantisme tragique et lyrisme échevelé.
L’un des meilleurs films d’action de 2024, à (re)voir absolument en blu-ray.
Technique
Ce blu-ray proposé par Métropolitan délivre une belle image provenant d’une source numérique avec de nombreux détails dans les plans larges comme serrés même dans les nombreuses scènes en basse lumière et des contrastes appuyés. Les deux pistes en DTS-HD Master Audio 5.1 sont très convaincantes question puissance avec des basses percutantes et mixage sonore où les nombreux effets lors des combats spectaculaires coexistent idéalement avec la musique et les dialogues.
Bonus
Quelques suppléments plutôt intéressants sont proposés : un bon making-of (21′) en 5 parties, un rapide aperçu du tournage avec un acteur qui a appris à faire de la moto pour le film (3′), quelques scènes coupées de faible intérêt (5′), une sympathique visite de la citadelle (5′) et les interviews de l’équipe au festival de Cannes dans le module Mission : Cannes (11′)