Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…
Beetlejuice Beetlejuice est la réjouissante suite, 36 ans après, du film culte de Tim Burton avec le bio-exorciste déchaîné, fou et irrévérencieux interprété par Michael Keaton. Quel plaisir de revoir en pleine forme artistique le réalisateur de Batman et Sleepy Hollow après une décennie passée à se perdre dans les limbes de l’univers Disney (d’Alice au pays des merveilles, 2010 à Dumbo, 2019) ! Tim Burton s’est remis en selle grâce au succès de la sympathique série Mercredi avec Jenna Ortega que l’on retrouve dans cette suite de Beetlejuice co-écrite par les scénaristes de la série horrifique Netflix.
On retrouve dans Beetlejuice Beetlejuice ce qu’on attend d’un Burton soit humour noir, personnages décalés, créatures dingues, ambiance gothique. Visuellement le film est splendide avec des décors très travaillés comme la mythique salle d’attente des morts du premier film reconstituée à l’identique dans les studios anglais de Leavesden, de pertinents effets animatroniques à l’ancienne, de réjouissantes séquences hommage à l’expressionnisme allemand (le couloir avec le mystérieux homme de ménage), au cinéma de Mario Bava (le superbe flash-back en n&b sur le passé amoureux de Beetlejuice) et à Frankenstein (la jubilatoire séquence de résurrection de Dolores qui est une belle métaphore du cinéma de Burton enfin régénéré). Du fan service avec les mémorables personnages (quasiment tous sauf les Maitland) et créatures (comme le ver de sable et le guerrier à tête réduite) du premier film, la chanson d’Harry Belafonte déclinée sous le registre de l’émotion, quelques easter egg (l’arbre de Sleepy Hollow), de nombreux thèmes et motifs de la filmographie burtonienne (la porosité du monde des vivants des des morts, la gestion du deuil, les noces funèbres…), Beetlejuice Beetlejuice est une fantaisie signée par un Burton à son meilleur, généreuse avec le souci de travailler le gag permanent et le plan iconique, vive avec une belle galerie de personnages bizarres, névrosés, freaks attachants plongés dans des péripéties permanentes, un rythme particulièrement soutenu voire débridé dans la dernière demi-heure quitte à sacrifier un personnage secondaire ou une idée (le soul train) intéressants. Michael Keaton est toujours aussi délirant dans les costumes divers de Beetlejuice, le trio féminin Winona Ryder/Jenna Ortega/Catherine O’Hara fonctionne du tonnerre et les nouveaux venus dans l’univers burtonien, Monica Bellucci, Willem Dafoe et Justin Theroux sont très à l’aise dans cette comédie macabre.
Plus fou que le précédent (des créatures dingues comme la géniale trouvaille qu’est baby Beetlejuice, du gore plus éclatant) mais aussi plus tendre en abordant les rapports conflictuels mère/fille et la gestion du décès d’un proche (l’absence du père déjà traitée dans le beau Big fish), Beetlejuice Beetlejuice devrait ravir toutes les générations et peut-être générer un troisième volet comme son carton aux USA et dans le monde entier le laisse présager.