Le 14ème festival Lumière de Lyon se termine ce soir.
Cinealliance était présent au festival du 20 au 21 octobre pour 2 jours consacrés à Tim Burton, à l’honneur de cette 14ème édition avec la remise du Prix Lumière en acmé de ce festival incontournable pour les cinéphiles.
Jeudi soir Tim Burton, tout juste arrivé à Lyon, était l’invité surprise de la projection de Batman (1989) à l’Institut Lumière. Le réalisateur américain a remercié le public d’être venu si nombreux pour voir ce « vieux film » rentré dans la pop culture avec son imagerie gothique et ses personnages iconiques, le burlesque Joker et le sombre Batman interprétés par les géniaux Jack Nicholson et Michael Keaton.
Vendredi était le grand jour de célébration, tant attendu, de Tim Burton, le réalisateur rock star, culte d’Edward aux mains d’argent, de Batman le défi ou bien encore de Sleepy Hollow (voir sa disponibilité et sa générosité à signer autographes et faire des photos avec ses nombreux fans de tous âges), avec une master class en début d’après-midi au théâtre des Célestins et la remise du Prix Lumière au Centre des Congrès.
Avant la master class direction l’UGC Ciné Confluence pour la projection de Big Eyes (2014), film mineur de la carrière de Tim Burton mais néanmoins intéressant, envisagé comme un autoportrait de l’artiste marginal en quête de reconnaissance.
Durant cette conversation de 1h30 animée par Thierry Frémaux et Didier Allouch, Tim Burton s’est confié au public lyonnais sur son parcours et sur ses (anti)héros. Sur ses débuts en tant qu’auteur de films d’animations pour Disney il déclare : « Au départ, les gens ne comprenaient pas vraiment ce que je faisais, et j’étais considéré comme un drôle de type. Je voulais juste être Godzilla et détruire Tokyo ! Au début, je communiquais mieux visuellement, à travers des dessins, je viens de l’animation et c’est une façon très spécifique d’envisager une histoire ».
Sa cinéphilie est ensuite abordée : « J’étais un cinéphile normal ce qui veut dire que j’étais complètement anormal. J’ai d’abord regardé des films d’horreur, j’adorais les films de Mario Bava, c’est comme ça que j’ai commencé… »
Puis il évoque ses personnages si singuliers : « Ces héros comme Pee-wee, Edward aux mains d’argent, même Batman qui ne me ressemble pas, en un sens c’est moi à chaque fois. J’ai toujours l’impression que je dois « remplir » le personnage, l’identité, la dualité entre le sombre et la lumière, ce genre de sentiments… J’ai toujours besoin d’avoir une certaine connexion avec le personnage ne serait-ce que pour la transmettre aux acteurs, à l’équipe technique, les cadreurs, photographes ».
Sur la question de son étape préférée d’un film Tim Burton répond : « L’étape du tournage, c’est ce que je préfère. Créer une famille artistique étrange, c’est très excitant d’avoir une connexion avec eux, avec cette famille de cinéma. C’est pourquoi j’aime tant Ed Wood. Chacun de mes films est important pour moi, ils sont un peu comme mes enfants… Je les aime tous, même les plus moches, avec un film qui est un peu au-dessus du lot dans mon cœur : L’étrange Noël de Mister Jack car il ressemble exactement à ce que j’avais voulu… Mais je les aime tous ».
Enfin rapport aux gentils monstres, freaks qui peuplent son univers : « Pour moi, les monstres sont juste différents, je m’identifie énormément à Frankenstein ou la Créature du lac noir. Je les vois plus comme mes amis que comme quelque chose d’effrayant. J’ai une grande connexion avec eux, psychologiquement et visuellement ».
En soirée Tim Burton a reçu le 14ème Prix Lumière devant les 3000 spectateurs déchaînés du Centre des congrès de Lyon.
La soirée a débuté par une diffusion d’une dizaine de courts des frères Lumière dont ceux consacrés aux acrobates de la famille Kremo. Puis la soirée festive a vu se succéder un discours vibrant de Vincent Lindon sur l’engagement de l’artiste et le modèle du cinéma français, de nombreux intermèdes musicaux avec l’actrice Alice Taglioni au piano pour le thème musical des Noces funèbres, l’humoriste Vincent Dedienne pour une version revisitée avec moult références burtonniennes de Papa, maman, de Georges Brassens et Patachou et la chanteuse Imany pour une reprise de Day-O (The Banana Boat Song) au coeur d’une scène culte de Beetlejuice (1988) sans oublier un hommage au réalisateur culte par Irène Jacob. Enfin 2 trailers de Mercredi, la série réalisée par Tim Burton pour Netflix et un film rétrospectif de sa riche et passionnante carrière ont été diffusés sur grand écran.
La cérémonie s’est conclue avec la remise du Prix Lumière au réalisateur américain par Monica Bellucci. Tim Burton, très ému, a alors déclaré : « Je n’ai jamais ressenti autant d’amour que ce soir ! C’est un honneur d’être dans la ville natale du cinéma. Je n’ai jamais vécu ça. Je suis sans voix ! C’est l’une des plus belles choses qui me soit arrivée ». Pour terminer la soirée fut projeté Dark Shadows (2012), jubilatoire adaptation de la série TV avec un mordant Johnny Depp et une envoûtante Eva Green.