Au 17ème siècle, la sorcière Asa et son amant Igor, accusés de vampirisme, sont mis au supplice mais promettent une vengeance éternelle à leurs tortionnaires. Deux siècles plus tard, la malédiction se réalise : les vampires reviennent à la vie et recommencent à semer la terreur et la mort…
Deux films emblématiques de la carrière de Mario Bava, ses deux seuls longs-métrages tournées en N&B, Le masque du démon et La fille qui en savait trop, ressortent en vidéo chez Sidonis dans de superbes coffrets digibook comprenant pour chaque film blu-ray + dvd + livret rédigé par Marc Toullec.
Directeur de la photo reconnu, notamment sur Les vampires (1957) de Riccardo Freda dont il a réalisé officieusement la moitié, Mario Bava se voit confier par les producteurs de ce dernier, la société Galatea, la réalisation de Le masque du démon (1960), récit gothique sur le thème de l’amour fou inspiré par le conte Vij écrit par Nicolas Gogol en 1835.
Inspiré par les films de la Hammer comme Le cauchemar de Dracula de Terrence Fischer (1958), le Nosferatu de Murnau (1922) et La Belle et la Bête de Cocteau (1956), Le masque du démon, une des premières productions gothiques italiennes, saisit, dès son prologue violent où, dans la Modalvie du XVIIème siècle une sorcière est condamnée au bûcher pour sorcellerie, par la virtuosité de sa mise en scène et la morbidité de son univers. Sont introduits dans cette mémorable séquence inaugurale des thèmes et motifs comme le masque, le cri, la transformation du visage et du corps, présents dans le reste de la filme de Bava.
Par la suite Mario Bava multiplie les beaux mouvements de caméra (panoramique circulaire dans une crypte inquiétante…) et les plans sidérants comme celui où les yeux d’un cadavre remontent dans ses orbites. Comme souvent chez le réalisateur italien violence et érotisme sont de concert pour offrir au spectateur un concentré d’émotions fortes; le film est un festival de corps en décomposition, scarifiés, empalés, la violence et la mort y sont omniprésentes mais aussi la passion avec le thème de l’indéfectible amour qui lie une sorcière et son amant, le jeune docteur et la princesse.
Une des grandes scream queens du vingtième siècle, Barbara Steele, dans un double rôle mémorable, participe de la réussite incontestable de ce premier long qui va marquer des générations de réalisateurs comme Tim Burton qui rendra un superbe hommage au maître de l’angoisse dans Sleepy Hollow en 1999 et Martin Scorsese qui cite Le masque du démon comme son film fantastique préféré.
Nora, une jeune américaine en séjour à Rome, est victime d’une agression nocturne et voit avant de s’évanouir une femme se faire assassiner. A son réveil, toute trace du meurtre a disparu, et personne ne croit à son histoire. Nora découvre alors qu’un serial killer a déjà sévi au même endroit, et qu’elle pourrait être la prochaine victime…
Deux ans après Le masque du démon, échec en Italie mais carton aux USA sous le titre Black Sunday, les mêmes producteurs proposent à Mario Bava La fille qui en savait trop avec au casting l’italienne Letícia Román et l’américain John Saxon. Bava signe également la photo de ce qui est son dernier film en N&b.
Ce deuxième long métrage tourné en partie en extérieurs à Rome lance la mode du giallo avec ses meurtres sadiques perpétrés par un psychopathe adepte de l’arme blanche. La gestion des espaces y est remarquable : Bava fait de cette ville de carte postale qu’est Rome le jour un lieu dangereux, cauchemardesque la nuit. Le réalisateur joue habilement avec la dualité éveil/sommeil, réalité/rêve avec des images pulsionnelles, oniriques façonnées avec des zooms violents, des décadrages. De plus Bava contrebalance la cruauté des meurtres par des éléments de comédie comme ce running gag avec le personnage de John Saxon qui se blesse toujours et de romance avec la relation contrariée que ce dernier entretient avec la touriste/enquêtrice interprétée par Letícia Román.
Deux ans après La fille qui en savait trop, Mario Bava signera son chef d’oeuvre, un autre giallo, plus sombre, pièce maîtresse d’une oeuvre passionnante, 6 femmes pour l’assassin.
Technique
Ces deux films essentiels ont fait l’objet d’une restauration méticuleuse dont bénéficie la photo contrastée en N&B de Mario Bava. L’image est stable, la définition très satisfaisante et les contrastes sont marqués. Sur le plan acoustique, pour le blu-ray de Le masque du démon, dans la version italienne, la VO est plus dynamique que le doublage français; la version anglaise dans le montage américain (Black Sunday en bonus du Blu-ray) propose quelques dialogues peu intelligibles. Sur le blu-ray de La fille qui en savait trop les deux pistes sonores sont limpides, avec des voix claires et ne présentent pas de souffle.
Bonus
Chaque digibook renferme un blu-ray garni de suppléments passionnants avec pour chaque film la version américaine, des présentations assurées par Olivier Père, des comparaisons entre les différents montages proposées par Bruno Terrier et des interviews du casting.
Les suppléments du blu-ray de Le masque du démon :
–Black Sunday, le montage US (83′)
-Présentation du film par Olivier Père (29′)
-Le film par Christophe Gans (40′)
-Les différentes versions du film par Bruno Terrier (13′)
-Interview de Barbara Steele (8′)
Les suppléments du blu-ray de La fille qui en savait trop :
– Evil Eye, la version américaine du film (92′)
-Présentation par Olivier Père (25′)
-Les différentes versions du film par Bruno Terrier (14′)
-Souvenirs d’un chef d’oeuvre du giallo (21′) par Mikel Koven, Luigi Cozzi, Richard Stanley, Allan Jones
-Interview de John Saxon (9′)