John Herod règne tel un tyran sur la petite ville de Redemption où se tient chaque année un tournoi de duels à mort. Ce tournoi, dont il est le vainqueur historique et incontesté va être bouleversé par l’arrivée d’une mystérieuse participante…
En 1992 le succès critique et public d’ Impitoyable/Unforgiven de et avec Clint Eastwood permet un an après la mise en chantier d’un autre western Mort ou vif / The Quick and the Dead où la star de Basic Instinct Sharon Stone, forte de son statut de co-productrice, choisit son réalisateur Sam Raimi et ses partenaires de jeu, Russell Crowe et Leonardo DiCaprio. Si Impitoyable est considéré par beaucoup comme la quintessence du western classique Mort ou vif se présente comme un western spaghetti à la sauce Sam Raimi.
Mort ou vif décline les tropes et archétypes du western classique (la petite ville de l’Ouest américain dominée par un tyran, l’étranger(e) en quête de vengeance, le duel qui est ici l’axe narratif du film composé d’une dizaine d’affrontements…) et les motifs du western spaghetti (les très gros plans sur les duellistes, une galerie de trognes incroyables) avec la touch Raimi soit un côté cartoonesque (la caractérisation des méchants interprétés par des gueules de cinémas comme Lance Henriksen, Keith David ou bien encore Tobin Bell, les saltos arrière effectués par quelques loosers au moment de l’impact d’une balle dans leur corps) à l’oeuvre dans la très fun trilogie Evid Dead couplé à des idées de mise en scène hitchockienne (l’utilisation du transtrav). Après le fauché Evil Dead (350 000$), ses suites au budget un plus confortable (3,5 et 11 M$) et Darkman (14M$), Sam Raimi accède, grâce à Sharon Stone, au budget conséquent (32M$) d’un grand studio, TriStar Pictures. Très bien entouré par une solide équipe technique, des cadors à la photo (Dante Spinotti), au décor (Patrizia von Brandenstein), au montage (Pietro Scalia) et à la musique (Alan Silvestri), il va pouvoir déployer, grâce aux technologies mises à sa disposition par le studio, une mise en scène très stylisée avec des plans dingos (une balle dans une tête filmée de la nuque du personnage qui la reçoit, un trou dans le corps avec la lumière du soleil qui passe à travers) et une grammaire cinématographique qui va de Sergio Leone (très gros plans) à Alfred Hitchcock (le transtrav) dans un hommage jubilatoire au western avec un casting quatre étoiles.
A côté du spectaculaire débridé affleurent une mélancolie et une gravité dans ce western féministe avec une lady endeuillée ivre de vengeance (à la place de la figure de L’homme sans nom personnifié par Clint Eastwood) et de marquants personnages secondaires comme cette jeune fille violentée par un immonde bad guy. En outre est inoubliable le personnage du flamboyant Kid (génial DiCaprio) qui souffre du manque de reconnaissance et de respect de son père (excellent Gene Hackman dans un rôle cousin de celui d’Impitoyable). Mort ou vif dégaine un superbe quatuor d’acteurs Stone/Crowe/DiCaprio, jeunes, beaux, talentueux face à Gene Hackman, impeccable en maire tyrannique.
Western baroque à la mise en scène survoltée et au fabuleux casting, Mort ou vif a connu, après un échec à sa sortie en salles en 1995, une deuxième vie grâce à son exploitation vidéo. L’Atelier d’Images nous régale avec une superbe édition 4K UHD inédite en France avec la version intégrale remastérisée accompagnée de bonus inédits et exclusifs.
Technique (le test porte uniquement sur le disque 4K UHD)
Oublié la copie médiocre utilisée il y a une dizaine d’année par un autre éditeur pour un brd, le master restauré de cette édition proposée par L’Atelier d’Images est rutilant, avec une définition au scalpel notamment sur les nombreux gros plans et des contrastes marqués. Le HDR fait des merveilles dans les scènes baignées de soleil et les plans où intervient le feu. Les deux pistes sonores en 5.1 DTS HD MA sont d’une redoutable efficacité avec de nombreux détails et plein d’effets tonitruants tout en laissant la place à des dialogues clairs et au score réussi d’Alan Silvestri.
Bonus
Les nombreux suppléments sont répartis sur un blu-ray :
-L’ange de la vengeance par Stéphane Moisakis et Julien Dupuy (50′) : dans ce passionnant bonus les 2 journalistes rappellent la genèse du film et le contexte de l’époque avant de revenir en détails sur la mise en scène de Sam Raimi, la symbolique du film, son casting et la réhabilitation, au fil du temps grâce à la vidéo, de ce western atypique jugé parodique aux USA.
-Analyse de séquence (10′) : les 2 mêmes analysent le duel entre Kid et John Harod à base de transtrav (zoom avant couplé à un travelling arrière), gimmick visuel inventé par Alfred Hitchcock dans Vertigo pour illustrer la sensation de vertige
-Simon Moore (20′) : ITW audio réalisée en 2021 du scénariste qui voulait écrire « quelque chose de traditionnel comme les westerns de mon enfance qui suivrait un modèle schématisé mais sans non plus reproduire un simple vieux western. Je voulais trouver un moyen de le rendre sympa et contemporain…croiser les visuels des westerns spaghettis et reprendre des concepts historiques comme le face à face au pistolet ».
-Making-of d’époque (6′) : le casting parle des personnages et le réalisateur d’un « rendu visuel dépouillé et rugueux »
-Scenes coupées (5′) : 7 scènes dont le mariage du Kid