Graham Dalton a un étrange secret : il collectionne en cassettes vidéo des témoignages de femmes qui lui confient leur vie sexuelle. De retour dans sa ville natale après une longue absence, il retrouve un ancien ami qui a “réussi” et sa femme. L’arrivée de Graham va perturber le couple et les évènements vont prendre une tournure inattendue…
33 ans après le sacre cannois, le premier film de Steven Soderbergh, Sexe, mensonges & vidéo, débarque en blu-ray en France. La Palme d’or du festival de Cannes 1989 demeure des décennies après sa sortie une chronique acérée et lucide des rapports amoureux homme-femme, avec ces quatre personnages névrosés qui passent leur temps à mentir aux autres et à eux-mêmes. On apprécie toujours autant l’excellente direction d’acteurs de Soderbergh (James Spader a remporté le prix d’interprétation à Cannes), sa mise en scène dépouillée au service de son casting, avec beaucoup de gros plans pour rentrer dans la psyché des protagonistes, le montage heurté avec ellipses et travail sur le son sans oublier la musique voluptueuse de Cliff Martinez. Malgré un titre racoleur, le film ne révèle pas de nudité mais déploie beaucoup de dialogues centrés sur le sexe, la représentation de l’acte sexuel à l’écran n’ayant jamais intéressé Soderbergh mais plutôt les préliminaires et les conséquences. Le réalisateur s’attache ici à dévoiler par petites touches le cheminement des deux personnages principaux, la frigide desperate house wife jouée par Andie Mac Dowell et le voyeur impuissant interprété par Spader, vers l’introspection, l’auto-analyse, pour aller mieux.
A la suite de ce très bon premier film dont le succès ouvrira la voie à de nombreux réalisateurs indépendants américains dans les 90’s, Steven Soderbergh, en explorateur inlassable de formes, de genres, va naviguer entre films hollywoodiens à Oscars (Traffic, Erin Brockovich), divertissements old school (la série des Ocean’s eleven, Hors d’atteinte) et longs-métrages expérimentaux (Schizopolis, Bubble), sans oublier le passage par la série TV (The Knick dont il a réalisé tous les épisodes des deux saisons).
Une belle redécouverte du film avec cette superbe édition blu-ray riche en suppléments concoctée par l’Atelier d’Images.
Technique
Inédit en blu-ray en France, Sexe, mensonges & vidéo, restauré en 4K (même base que l’édition blu-ray signée Criterion en 2018 à savoir le négatif original 35mm scanné en 4K), présente superbement avec une copie HD pimpante, lumineuse, avec une belle palette de couleurs et une texture argentique préservée. Les nombreux gros plans bénéficient de cette superbe remasterisation. A noter que l’Atelier d’Images est premier éditeur au monde à proposer une édition 4K Ultra HD Blu-ray. Très dialogué, le film s’apprécie davantage en VO avec des ambiances plus marquées que sur la piste VF.
Bonus
L’Atelier d’Images nous propose pour cette remarquable édition blu-ray française de Sexe, mensonges & vidéo un florilège de suppléments dont de nombreux bonus exclusifs et inédits :
Suppléments exclusifs
-Un vent de liberté (24′) : présentation du film par Philippe Rouyer (Journaliste à Positif et Président du Syndicat Français de la Critique de Cinéma)
-Analyse de séquence (13′) : par le même Philippe Rouyer
Suppléments inédits
-À propos du film par Steven Soderbergh (2018) (6′) : passionnante itw du réalisateur sur son approche du film centré sur « 4 personnages qui approchent chacun un point d’inflexion dans leur vie », son travail avec les acteurs et la suite de sa carrière avec Hors d’atteinte qui a été un tournant décisif dans son parcours professionnel
-Les coulisses du tournage avec Andie MacDowell, Peter Gallagher et Laura San Giacomo (28′) : retour sur le tournage par une partie du casting
-Entretien entre l’ingénieur du son Larry Blake et le compositeur Cliff Martinez (19′) : les deux artistes évoquent leurs débuts dans le métier et leurs collaborations avec Soderbergh
Suppléments additionnels :
-Commentaire audio du réalisateur et de Neil Labute (sous-titré) : un dialogue passionnant entre les deux réalisateurs
-Les 20 ans du film au Festival de Sundance (3′) : célébration du vingtième anniversaire du film au Festival de Sundance en 2009 avec l’intervention du réalisateur et des acteurs
-Scène coupée (3′) avec commentaire de Soderbergh : une scène avec Andy Mac Dowell chez un psy coupée par le réalisateur car elle ne fait pas avancer intrigue et ne donne pas de nouvelle information
-À propos du film par Steven Soderbergh (1990) (8′) : le réalisateur évoque ses influences filmiques comme Ce plaisir qu’on dit charnel, Cinq pièces faciles et La dernière séance, parle de la priorité donnée au jeu des acteurs et du traitement du sexe au coeur de son premier long-métrage : « Je n’essayais pas de faire un film sur l’acte sexuel mais sur ce qui y conduit et sur ce qui en découle ».