Pékin, 1900. La révolte des Boxers prend de l’ampleur et les autorités chinoises sont divisées : le général Jung-Lu presse l’impératrice Tzu-Hsi d’arrêter les fanatiques, tandis que le prince Tuan lui conseille de les aider à chasser les étrangers. Face à la menace de conflit, les délégations étrangères regroupées au sein du Quartier des légations organisent leur défense. Le major Matt Lewis arrive à Pékin à la tête d’un détachement chargé de protéger l’ambassade américaine. Il y rencontre la baronne Natacha Ivanoff et l’ambassadeur britannique, Sir Arthur Robertson. Le 20 juin, le siège du quartier des ambassades commence. Il durera 55 jours…
Après le carton du Cid réalisé par Anthony Mann et avant La Chute de l’Empire romain (1964) du même réalisateur qui lui sera un échec financier, le producteur Samuel Bronston confie à Nicholas Ray avec qui il avait collaboré avec réussite en 1961 sur le film biblique Le Roi des rois le tournage des 55 jours de Pékin.
Cette superproduction hollywoodienne tournée à Madrid en 1962 par le réalisateur de La fureur de vivre et Johnny Guitar relate la révolte des Boxers contre les délégations étrangères qui se sont partagées le contrôle de Pékin en 1900. 500 combattants de 8 puissances occidentales ont lutté pendant 55 jours pour défendre Pékin assiégé par les Boxers rejoints par l’armée impériale.
Fresque grandiose pleine de couleurs (tournage en Super Technirama 70) et de scènes spectaculaires violentes (shootées par Andrew Marton après la crise cardiaque de Nicholas Ray qui dû abandonner le tournage), Les 55 jours de Pékin est typique de ces grosses productions hollywoodiennes aujourd’hui disparues : des scories au niveau du scénario avec des erreurs sur le plan historique, une multiplicité de personnages et d’intrigues secondaires qui ont tendance à provoquer des baisses de rythme mais surtout un sens aiguisé du spectaculaire avec des batailles épiques au sein de décors impressionnants et le recours au glamour de stars comme Charlon Heston, David Niven et Ava Gardner au milieu de centaines de figurants.
Ce divertissant Les 55 jours de Pékin est proposé dans sa version Roadshow (ouverture, entracte et clôture avec la musique de Dimitri Tiomkin) par Rimini editions dans un superbe coffret Mediabook avec blu-ray, 2 dvd (film + bonus) et un livre de 96 pages.
Technique
Fruit d’une restauration opérée en 2013 par Pinewood studio à partir du négatif original du film, cette copie très propre délivre une image lumineuse avec des couleurs pimpantes et une très bonne définition. Les deux pistes en VO sont plus claires et dynamiques que la VF.
Bonus
La chute de l’empire hollywoodien (8′) : le directeur de la Cinémathèque Jean-François Rauger parle de la fin de l’ère des superproductions hollywoodiennes dans les années 60 comme Les 55 jours de Pékin, une production Samuel Bronston qui s’est fait une spécialité des tournages en Europe avec un casting hollywoodien et international, suivi par d’autres films à grand spectacle, épique avec débauche de figurants et de personnage comme Cléopâtre (1963) et La Chute de l’Empire romain (64) qui seront tous des échecs au box-office.
Histoire d’un tournage cauchemardesque (11′) : le critique Samuel Blumenfeld évoque les grandioses décors (dans les 3/4 des décors fabriqués en dur en Espagne il était difficile de placer les caméras!), le casting géant de chinois en Europe et celui des stars Charlton Huston en héros tragique et Ava Gardner en fin de carrière.
La révolte des boxeurs (13′) : Christophe Champclaux aborde le soulèvement des Boxers vs l’occupation étrangère à la fin du XXème siècle en Chine.
Les boxeurs au cinéma (6′) : le même Christophe Champclaux passe en revue les différents films qui ont abordé la révolte des Boxers comme The Red Lantern (19), Foreign devils (1927) et deux productions asiatiques The Bloody avengers (75) et Sen Blain (86)
Histoire(s) de Chine (37′) : place à un discussion passionnante avec Olivier Assayas et Charles Tesson, grands connaisseurs de l’histoire de la Chine.
Interviews de Charlton Huston (6′), de David Niven (6′) et du décorateur John Moore (7′) qui a conçu le plus grand décor extérieur fabriqué pour un film à l’époque, 250 hectares où a été reproduite la Cité interdite du Pékin de 1900.