Pour Ogroff, le bûcheron fou, la guerre n’est pas encore terminée. Trépané et ayant subi l’ablation d’un œil pendant la guerre, Ogroff, le bûcheron fou, continue la lutte et massacre sauvagement tous ceux qui pénètrent dans sa forêt.
L’avis d’Umungus:
Difficile de parler objectivement d’Ogroff sans commencer par le background de l’époque. Au début des années 80 et de la VHS, durant l’âge d’or du gore, une petite communauté de fans et créateurs de fanzines se retrouvent et se croisent dans la boutique Movies 2000. Parmi les protagonistes, nous avons donc entre autres Norbert Moutier (éditeur de Monster Bis), Jean-Pierre Putters (éditeur de Mad Movies), Christophe Lemaire (éditeur de Phantasm), Jean-Claude Guenet (éditeur du fanzine Scream), François Cognard (éditeur de Rouge Profond), Bruno Terrier (éditeur de Dans l’abime du fanzinat), Alain Petit (éditeur du Masque de la Méduse). Norbert Moutier est donc l’instigateur du projet et propose à ses amis amateurs du genre d’y participer. Le film (c’est un vrai long-métrage de 87min) sera entièrement tourné en pellicule 8mm. Pour le reste, les moyens se résument grosso-modo à ce qui leur tombait sous la main.
Passons au film maintenant…
Pour ce qui est du scénario, c’est un assemblage assez bancal de serial killer, de redneck, de zombies, de vampires sur un fond de références au nazisme. Cela fait beaucoup pour un seul film! Ogroff est donc une victime de guerre (et donc des atrocités du nazisme) qui revient chez lui dans sa forêt. Devenu fou, il attaquera quiconque s’aventurera chez lui. Il s’en prendra donc au automobilistes de passage, aux pique-niqueurs, … Sur cette base de slasher s’ajoutent donc des zombies que l’on ne sait pas vraiment pourquoi Ogroff nourrit dans sa cave. Ils finiront par se libérer et divaguer dans la forêt faisant d’autres victimes. L’héroïne du film trouvera enfin ce qu’elle croit être de l’aide chez un curé (qui n’est autre qu’Howard Vernon) qui passait par là en voiture. Ce prêtre se révèlera être un affreux vampire! Mais ce ne sont pas là les seules invraisemblances du film. Je vous laisse le plaisir de les découvrir vous-même…
Pour ce qu’il en est des acteurs, il s’agit donc d’une grande partie d’amateurs (aux deux sens du terme) cités plus haut. Norbert Moutier incarne Ogroff, les autres jouent les rôles des victimes et/ou des zombies, une grande partie des acteurs jouant plusieurs rôles dans le film. Bien que l’envie de bien faire soit là, les prestations ne sont souvent pas la hauteur (pour être diplomate!). Cependant, quelques acteurs professionnels sont de la partie, dont Francis Lemaire (papa de Christophe Lemaire) qui fera un caméo de quelques secondes. Mais il y a surtout la présence incroyable d’Howard Vernon, ami de Norbert Moutier, qui accepte de faire ce rôle improbable de curé vampire!
Comme dit plus haut, les moyens sont très très limité pour ce film à l’origine amateur, la quasi totalité du budget étant passé dans la pellicule 8mm et ensuite son développement. Les accessoires sont les objets qui étaient à leur disposition, et quelques tripes achetés en boucherie constituant la majeure partie des effets (très) spéciaux. Norbert Moutier confessera d’ailleurs que les contre-jours aideront à masquer le ridicule de certains maquillages des zombies. Sinon, je vous recommande chaudement la scène où Ogroff pousse une voiture dans un étang… 🙂
Signalons aussi qu’hormis 4 ou 5 répliques doublées en post-production le film n’a quasiment aucun dialogue, ce qui a certes facilité le tournage mais nuit sensiblement à la compréhension de certaines séquences. Une musique au kilomètre et quelques effets sonores seront ensuite plaqués sur la pellicule.
En étant totalement objectif, ce film fait entre amis n’aurait jamais du sortir de ce petit cercle des participants. Que c’est-il passé pour que l’on se retrouve aujourd’hui avec une belle édition DVD d’Ogroff? La première réponse réside certainement dans les débuts de la VHS et des vidéo-clubs d’où son exploitation commerciale sous le titre Mad Mutilator. A l’époque, on voyait vraiment de tout et surtout n’importe quoi en VHS! Ensuite, certainement aussi grâce aux participants du film qui ont été et/ou sont encore des amoureux et acteurs de premier plan du film de genre en France. C’est en fait l’histoire d’une période, d’un genre et de personnes, un « exploit » que l’on ne pourrait plus renouveler de nos jours!
Notons d’ailleurs la qualité de cette édition DVD 30e anniversaire distribuée par Artus Films, bourrée de suppléments et d’interviews qui expliquent le phénomène Ogroff.
Pour conclure, Ogroff Mad Mutilator est devenu culte pour les amateurs de série B ou Z (ou triple Z). Mais pour les autres, c’est tout simplement in-regardable!
Fiche technique:
DVD 9 – PAL – Zone 2 – Couleur
Format : 1.33 original 16/9 compatible 4/3
Durée : 87 minutes
Langues : français
Sous-titres : anglais, espagnol, italien
Déconseillé aux moins de 16 ans.
Les Bonus:
- Ogroff, le bûcheron fou, entretien avec Norbert Moutier
- Ogroff, 30 ans après, entretien avec les zombies du film
- Scène d’ouverture inédite
- Diaporama d’affiches et photos
- Bandes-annonces