The Master
The Master

The Master

Réalisateur
Paul Thomas Anderson
Acteurs
Amy Adams, Joaquin Phoenix, et Philip Seymour Hoffman
Pays
USA
Genre
Drame
Durée
137 min
Titre Original
The Master
Notre score
7

Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe…

 

 

Avis de Manuel Yvernault :

Le cinéma de Paul Thomas Anderson n’est probablement pas à mettre entre toutes les mains. Dans la lignée de sa précédente œuvre, There will be blood, le réalisateur nous offre un film d’une beauté et d’une complexité confondantes.

Retour aux sources d’un cinéma trop souvent syncopé dans sa forme, P.T.Anderson livre un film au magnétisme incontestable autant par sa mise en scène, juxtaposée à une bande son envoûtante, que par la prestation XXL de ses deux comédiens.

Ces derniers se livrent à de majestueuses joutes verbales entre séduction et répulsion. Film à la thématique plurielle, The Master est réellement une œuvre de cinéma. Certes, nu d’une histoire forte le film fascine par cette maîtrise totale de sa forme et de son fond. En cela on pourrait reprocher une certaine vacuité scénaristique mais c’est pour déployer avec une ampleur plus foudroyante la décharge viscérale du jeu de Joaquin Phoenix, auteur d’une prestation éblouissante et Philip Seymour Hoffman, dont on cherche encore la mauvaise performance tout au long de sa filmographie.

On ne rentre pas dans The Master pour son intrigue (quasi inexistante) mais pour cette faculté dérangeante et en même temps captivante de maîtriser le 7ème et son sujet (ici, entre autre, la croyance) et le pousser dans ses derniers retranchements. Le film est alors comme l’attraction étrange de ses personnages principaux, à niveau égal entre déroutante et attirante.

Sans être totalement parfait The Master s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Paul Thomas Anderson, un cinéma ambitieux et troublant de résonance.

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L’avis de Fabien

Dans la lignée du superbe There will be blood où un prospecteur de pétrole sans scrupules et mégalomane affrontait un prêtre dans une petite ville de Californie au début du XXème siècle, Paul Thomas Anderson creuse avec The master le sillon d’un cinéma indépendant exigeant, en dehors des normes, avec un traitement de ses sujets et de ses personnages souvent surprenant, toujours intéressant.

Avec The master PTA s’attaque à une page importante de l’histoire de son pays, la création de l’église de scientologie au lendemain de la seconde guerre mondiale, à travers la relation étrange entre un gourou et son élève. En aucun cas The master n’est un biopic de L.Ron Hubbard mais une évocation déguisée de la naissance de ce qui en France est considérée comme une secte via la rencontre inattendue et le lien trouble entre Freddie, ancien soldat à la dérive et Lancaster Dodd, « le Maître »», le charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause qui, au début du film, est à ses balbutiements. Très vite le leader mystique va se prendre d’intérêt/affection pour cet être fracassé, personnage violent, obsédé sexuel et alcoolique peu sympathique et attachant (mais c’est tout le courage de PTA que de raconter l’histoire de personnages rugueux et antipathiques) qui va devenir son élève/cobaye. Mais Freddie est insaisissable, brûlant d’une folie qui peut exploser à tout moment. Le récit est ainsi composé de dialogues en intérieurs entre le maître et l’élève, souvent fuyant à l’image du personnage de Freddie qui, lors d’une magnifique scène se déroulant sur un lac séché, s’enfuit en moto loin du maître avant de le retrouver quelques années plus tard, ellipse étrange d’un film qui volontairement ne cherche pas à séduire le spectateur à tout prix mais préfère proposer une expérience originale et surprenante.

La mise en scène de PTA, beaucoup moins démonstrative que dans ses premiers films, est superbe, avec des plans au cordeau, manifestations d’un art  de la composition picturale parfaitement maîtrisé. Le réalisateur de Magnolia vise l’épure avec ce scénario étrange sans enjeux dramatiques mais ponctué de face-à-face intenses entre Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix. Fidèle de l’univers de PTA, Hoffman est une fois de plus formidable, entre mysticisme inquiétant (les séquences avec les théories du Livre II) et relâchement farcesque (le show endiablé du maître lors d’une soirée avec chansons polissonnes et femmes nues, les retrouvailles enfantines avec Freddie après leur passage par la case prison); Phoenix livre lui aussi une composition marquante, très Actor’s studio avec silhouette famélique, diction hachée, parfois à la limite du cabotinage mais in fine troublante (on pense à cette séquence émouvante où sous hypnose Freddie revoit son grand amour perdu).

Opaque, déroutant, élégant, captivant, The master est un film complexe et singulier au rythme étrange centré sur des personnages  insaisissables, une œuvre subliment éclairé et mis en scène autour de la prestation impressionnante de deux grands acteurs qui assoit définitivement Paul Thomas Anderson dans la cour des jeunes réalisateurs qui comptent outre-Atlantique.

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Test blu-ray

Technique

Master irréprochable et pistes sonores d’une belle efficacité : un sans-faute technique pour cette copie HD Metropolitan.

Bonus

Tout d’abord est proposé une succession de scènes coupées (22′) de belle tenue enchaînées avec brio.

Un aperçu du tournage avec le réalisateur et l’équipe technique au travail dans Les coulisses du tournage (8’), quelques spots télévisuels (14’) mais surtout  Let there be light (58’), un émouvant documentaire réalisé par John Huston sur les troubles neuro-psychiatriques de soldats de la seconde guerre mondiale, complètent l’interactivité de cette belle édition blu-ray.

 

 

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