Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.
Avis de Manu
A une époque où l’éloge de la nature semble faire foi entre bobos branchouilles et réelle envie de changer les choses pour une grande majorité, le film écolo n’est pas légion mais s’avère de plus en plus présent. Into the wild n’en est pas vraiment encore un. L’intelligence du scénario de Captain Fantastic n’est pas de centrer unanimement le récit sur l’éloge de la nature, mais de réfléchir à ce propos en tentant d’y apporter des nuances, sous l’étiquette d’une fable familiale qui pourrait alors mieux définir le film. Là où dès les premiers instants le pathos aurait pu faire son intrusion, l’intelligence de Matt Ross est au contraire de conduire son film vers une note positive sous-jacente et habilement présente. Si le filme garde un côté mystérieux quant à son épilogue et revêt parfois les habits des films indépendants américains (pour le pire et le meilleur), Captain Fantastic demeure avant tout une ode à la vie et fait réfléchir le spectateur de manière intelligente en le prenant par la main plus que dans une démarche forcée, sinon démagogique.
Le scénario, par sa simplicité et son authenticité, ne cherche pas l’effet tire-larmes et joue tout le temps entre la délivrance d’un moment dramatique, sinon émotif, avec une dose d’humour savamment délivré au bon moment. L’aspect road movie, lui, contribue à disposer cette famille au cœur d’une société et la confronter à ses choix de vie radicaux. Le pendant paternel d’un côté (Viggo Mortensen hirsute et magnétique), fort, presque dictatorial, les enfants de l’autre (tous brillants), innocence et candeur, suivre ou prendre son envol. Là où Matt Ross surprend c’est dans l’ingéniosité des bifurcations et détours qu’il prend, pour au final, conduire son récit vers une dernière séquence d’une intelligence et d’une sobriété épatante, celle de ce cinéma qui plutôt que de diriger une pensée, laisse la libre interprétation à chaque spectateur. A travers le vécu fictionnel, et pourtant réaliste, de cette famille, se libère finalement autant le sentiment d’avoir partagé un instant de liberté que la projection d’une vie par procuration qu’on osera, probablement jamais atteindre. Et c’est avec cette notion de rêve et de raison que Captain Fantastic s’avère une douce envolée de fin d’année, qui malgré ses légers faux pas nous procure une jolie leçon de vie.