Entamée en 2007 et après un opus Andromeda controversé, la série Mass Effect est de retour avec un remaster des trois premiers volets. Modestement baptisée Mass Effect : Edition Légendaire, ce remaster est-il à la hauteur des standards de la current-gen ? Nos impressions dans la suite.
Mass Effect, un nom qui a su faire les beaux jours de la Xbox 360, dont le premier volet était une exclusivité, avant d’étendre rapidement ses qualités à la PS3. Encore aujourd’hui, ce nom est fédérateur auprès des joueurs fans de RPG et de SF, qui n’ont jamais pu oublier leurs pérégrinations aux confins de l’univers aux commandes du Normandy et du commandant Shepard (ou en ont au moins largement entendu parler par leurs proches ou une presse souvent dithyrambique). Presque dix ans après la sortie du troisième volet venant conclure les aventures de Shepard, c’est donc une nouvelle occasion de découvrir cette trilogie qui s’offre aux joueurs étant passés à côté à l’époque, ou à ceux qui souhaiteraient profiter de la refonte graphique promise par cette Edition Légendaire.
Car oui, comme tout remaster qui se respecte pour éviter d’être qualifié de « simple portage », Mass Effect profite de cette nouvelle version pour se parer de ses plus beaux atours. Si nous sommes évidemment loin d’un vrai remake à la Shadow of the Colossus, il est indéniable que cette nouvelle version n’a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands, même si on regrettera que le studio Bioware pèche par moments par excès de simplicité, ou par une trop grande confiance (méritée certes) en son bébé original. En effet, comme les bandes-annonces le montraient, cette édition a été l’occasion pour les concepteurs d’améliorer bon nombre d’éléments visuels, le premier volet en tête (les deux autres ayant moins subis les outrages du temps). Les décors bénéficient ainsi de davantage de détails grâce à une résolution rehaussée des textures et des modèles, voire des éléments et réglages totalement changés sans pour autant modifier le design original. De même, les modèles des personnages sont affinés, voire largement réactualisés, même si on regrettera des animations faciales clairement datées, en particulier en matière d’émotion. Enfin, l’élément le plus flagrant est assurément l’éclairage qui bénéficie des derniers progrès en la matière tout en permettant de jouer les cache-misère sur certains décors, même si on regrettera que le studio ait eu la main aussi lourde sur le lens flare, donnant au jeu de faux airs des derniers films Star Trek (à se demander si JJ Abrams n’a pas été récemment embauché par le studio). Toutefois, si ceci permet d’offrir à la trilogie un sympathique écrin visuel, force est d’avouer que cela ne suffit pas pour permettre au premier volet de traverser pleinement les outrages du temps.
En effet, sur le plan du gameplay, Mass Effect 1 accuse franchement son âge avec des déplacements assez lourds et des mécaniques qu’on aurait bien voulu voir actualisée. Shepard conserve ainsi des déplacements très lourds, accentués par des animations franchement raides, voire complètement à l’ouest (le système de couverture était probablement déjà daté à la sortie du jeu original, 1 an après les affinages apportés par Gears of War). Quant aux déplacements du Mako (le véhicule hérité du Scarabée du film Armageddon), ils sont toujours aussi perturbants puisque gérés uniquement au joystick qui fait à la fois office de volant et d’accélérateur/frein, même si il faut bien avouer qu’il suffit de peu de temps pour s’y faire. En passant, on aurait apprécié que Bioware en profite pour ajouter un système de pointeur personnalisable sur le radar, qui aurait évité d’ouvrir constamment la carte pour vérifier sa direction, notamment sur certaines planètes « ouvertes ». Enfin, on regrettera certains bugs parfois étonnants (il est arrivé à votre serviteur d’avoir droit, au détour d’un échange en VF, à un dialogue provenant de la version espagnole. De quoi donner à Shepard de faux airs du Buzz l’Eclair de Toy Story 3 !).
En revanche, si il y a bien un point sur lequel Mass Effect traverse les âges sans sourciller, c’est bien son scénario. Fichtrement bien écrite, brillamment complexe, rarement manichéenne et accordant au moindre de ses personnages – y compris ceux des simples quêtes secondaires – une écriture au cordeau (renforcée par des doublages toujours aussi qualitatifs où on on retrouve notamment en VF Boris « Colin Farell » Rehlinger), l’histoire de Mass Effect suivant un équipage soudé sur fond de guerre intergalactique est digne des plus grands space-opera et reste un vrai plaisir à suivre, même 14 ans après la sortie du premier volet. Un plaisir renforcé par sa mise en scène résolument cinématographique, faisant autant la part belle à l’iconisation de ses personnages qu’à l’immensité de la galaxie en passant par le vaisseau Normandy, traité comme un personnage à part entière. Si l’ensemble ne sera pas sans rappeler par moments les films Star Trek de JJ Abrams (pourtant sortis après le premier jeu), nul doute que l’expérience de Bioware sur la licence Star Wars (KOTOR et The Old Republic, c’était eux) a également dû peser dans la réussite de Mass Effect.
Si la trilogie, et notamment le premier volet, aura du mal à tenir la dragée haute aux standards actuels sur le plan technique sans pour autant être désagréable à l’œil (merci la main lourde sur le lens flare), force est d’avouer que Mass Effect traverse brillamment les âges en particulier grâce à la qualité de son écriture et de sa mise en scène, où il ne suffit que de quelques missions avant de se laisser embarquer dans cette odyssée spatiale et ne plus pouvoir lâcher la manette. La marque des jeux next-gen ? Clairement pas. La marque des grands jeux ? Assurément !