Après une génération current-gen globalement placée sous le signe du reboot depuis l’opus 2015, la saga Need For Speed nous offre une conclusion à son ère PS4/One sous la forme d’un retour aux sources. Plus précisément sous forme d’un remaster du remake de l’un de ses volets les plus emblématiques, ici sobrement baptisé Need For Speed Hot Pursuit Remastered. Alors, cet opus en forme de chant du cygne du passage de la licence sur current-gen est-il à la hauteur de ses aînés ?
Petite piqûre de rappel pour vous au fond : troisième volet de la saga Need for Speed entamée sur PS1, Hot Pursuit était à l’époque le premier opus à permettre d’incarner les forces de l’ordre. Deux générations de consoles plus tard, Hot Pursuit faisait son retour dans un remake du même nom, dont la qualité et la nervosité auront permis au jeu de se faire une place de choix dans le cœur des joueurs PS3/360. Malheureusement, à l’exception peut-être de Most Wanted, les opus suivants auront peiné à retrouver cet état de grâce, si bien qu’après un reboot et quelques suites à l’accueil mitigé, NFS a choisi d’offrir aux joueurs le retour de l’une de leurs valeurs sûres, sous forme de ce Hot Pursuit Remastered.
Contrairement au remake de 2010 qui gardait surtout le nom de son prédécesseur PS1, Hot Pursuit Remastered ne prend pas de risques et fait très simple : c’est tout simplement le même jeu que sur 360/PS3, en plus joli. Si vous avez connu et aimé ce dernier, vous pouvez cesser votre lecture de ce test dès maintenant et foncer chez votre marchand favori (enfin, plutôt sur son site web, vu la situation actuelle, en vous invitant évidemment à privilégier votre boutique de quartier si possible). Pour le reste de la visite, suivez le guide !
Exit les open-world et autres fioritures : NFS Hot Pursuit revient au jeu de courses à l’ancienne en se concentrant sur un choix de divers tracés bien précis à sélectionner sur une carte routière et où vos objectifs dépendront du type de course choisie. Seul en contre la montre, course classique contre d’autres pilotes, poursuite contre la police ou, à l’inverse, poursuite dans les rangs de la police pour arrêter les pilotes ayant le malheur de se la jouer Samy Nacéri sur vos terres… Les modes de jeu ne manquent pas, si bien que malgré la redondance de certains tracés, rarement le sentiment de déjà-vu aura le temps de s’installer, bien aidé par la concentration que réclamera chacune de vos virées pour ne pas finir dans le décor ou pour ne pas vous faire distancer (même si l’IA un peu datée ne vous devancera jamais de beaucoup, mais ne vous suivra jamais non plus de trop loin). Et encore, on ne compte pas les nouveaux véhicules qui agrémenteront votre périple, se débloquant à quasiment chaque course remportée pour mieux décupler vos chances de trouver pédale à votre pied et de remporter la course suivante.
En somme, si NFS Hot Pursuit a beau ne pas avoir la taille et la variété d’un véritable open-world automobile dopé aux quêtes annexes, c’est pour mieux se concentrer sur l’essentiel : les courses, les voitures et surtout les sensations. En effet, si vous avez encore en tête le souvenir de la conduite hasardeuse du NFS de 2015 et ses suites, oubliez tout : NFS Hot Pursuit revient aux fondamentaux et aux vraies sensations de vitesse pouvant vous envoyer dans le décor à la moindre erreur, imposant une vraie attention à la gestion des dérapages, à la nitro et à vos gadgets à la James Bond. Ces derniers, depuis la herse à l’IEM (impulsion magnétique endommageant les véhicules) en passant par l’appel à des barrages de police, viendront grandement enrichir votre expérience en vous permettant de vous défaire de vos adversaires à loisir, le tout sans transformer pour autant votre course en un film de Michael Bay. On touche ici à l’intelligence des concepteurs du jeu : si il aurait été facile d’offrir pléthore de gadgets pour tout exploser sur votre passage façon GTA, le choix des gadgets proposés vient davantage enrichir l’expérience de la course, vous imposant le temps d’un instant de changer votre approche de la conduite. Un barrage de police devant vous ? Observez bien le passage où vous faufiler sans encombres plutôt que de foncer dans le tas. Un IEM à lancer ou à éviter ? Prenez garde à rester à bonne distance de votre adversaire. Et si d’aventure, vous ratez un virage ou percutez un autre véhicule à cause du gameplay assez peu permissif pour son propre bien, vous aurez le loisir de profiter de l’influence des Burnout (du même studio Criterion) avec une mini-cinématique vous permettant d’admirer la scène au ralenti et sous toutes les coutures, avant de reprendre votre course. La petite touche hollywoodienne qui fait toujours son effet, en somme.
Vous l’aurez compris, en termes de sensations, NFS Hot Pursuit Remastered n’a rien perdu de sa superbe et pourrait même en remontrer à ses congénères plus récents, notamment avec ses choix de conduite certes très arcade, mais demandant une réelle maitrise du moindre coup de volant ou de frein pour pleinement tirer profit des dérapages et du boost (rechargeable en montrant vos talents de pilote, notamment dans les drifts ou à contresens). On déplorera juste une réactivité des commandes à revoir afin de gommer l’impression de devoir attendre de trop longues fractions de secondes entre l’inclinaison du joystick et son effet à l’écran.
A l’image du gameplay, le plan technique n’a pas à rougir des standards actuels. Si le jeu accuse évidemment un certain écart avec les productions les plus récentes, il tire profit de l’immense soin apporté à la version d’origine du jeu, si bien qu’il lui suffit d’un petit lifting des familles pour briller comme un sou neuf (et profiter de l’ajout du mode photo). Seuls certains effets de lumière et de particules viendront trahir son âge, mais cela reste plutôt honnête pour un titre vieux de dix ans ! De même, côté sonore, le soin apporté aux bruitages et notamment ceux des moteurs fera toujours son effet. Les choix musicaux, inchangés là aussi, seront à l’appréciation de chacun, mais il reste indéniable que leur rythme s’intègre avec brio dans la frénésie de NFS Hot Pursuit.
Un mot enfin sur le multijoueurs. Si l’Autolog fait son retour, offrant son lot de leaderboards pour le mode solo et de modes multijoueurs en ligne qui devraient largement doper la durée de vie du jeu (sans compter l’ajout du cross-play permettant d’affronter des joueurs d’une autre console), impossible de ne pas regretter que les développeurs n’aient pas profité de l’occasion pour intégrer un mode local en écran splitté. Un manque qui faisait déjà défaut au titre d’origine et qui représente encore aujourd’hui le principal défaut de NFS Hot Pursuit Remastered. Ça et surtout son prix de lancement à 40e sur consoles qui risque de lui attirer pas mal de foudres, surtout en sortant à la même période que d’autres remasters comme Mafia Definitive Edition sur lequel, à prix identique, le travail abattu est incomparable. Et on ne parle pas de Mafia 2 et 3 Definitive Edition, offerts gratuitement aux possesseurs des précédentes versions. Si l’on sera tenté de dégainer le carton jaune à EA sur ce sujet, précisons que notre note finale n’en tiendra pas compte, se concentrant dans le cas présent sur la qualité du jeu et le plaisir procuré, inchangé malgré le poids des années.
En somme, si l’absence d’un mode multi en écran splitté se fera regretter autant qu’il y a dix ans, en même temps que l’on regrettera que cette mouture se contente d’un « simple » lifting graphique de son ainé vendu au prix fort, il serait malvenu de bouder notre plaisir tant, malgré les années, Need For Speed Hot Pursuit Remastered reste un véritable fleuron de la licence et, plus globalement, de l’ensemble des jeux de courses. Avec la variété de ses modes de jeu, ses vraies sensations de vitesse et sa conduite plus exigeante qu’elle n’en a l’air, le titre des créateurs de Burnout n’a rien perdu de sa superbe et a encore tous les atouts pour séduire une nouvelle génération de joueurs.